lundi 22 octobre 2007

Des hauts et des bas

Souvent le soleil brille, le chantier avance bien, je rigole toute la journée avec les ouvriers et l’ambiance de travail est bonne, il y a des week-ends où je pars grimper sur des belles parois ou randonner dans des parcs nationaux magnifiques et je me dis que le Brésil est une terre bénie par les dieux, souvent le lundi il y a plus de 1000 Reais sur le compte bancaire de Rokaz et je peux acheter des électrodes, de la peinture et des rivets sans compter, il y a un matin deux nouveaux ouvriers sont arrivés, ils avaient l’air de bien travailler et ils sont restés, ce midi la balance indiquait 1300 g de nourriture dans l’assiette pour 5 Reais et c’était bon, presque tous les soirs au crépuscule quand le chantier s’arrête avec Yan nous passons une demi-heure à contempler notre œuvre, à nous dire que nous avons bien travaillé aujourd’hui tout en imaginant avec des étoiles dans les yeux notre salle remplie de grimpeurs et les belles voies d’escalade que nous tracerons bientôt le long de la structure métallique qui grandit chaque jour, et ces jours-là je me couche en me disant que je suis en train de réaliser le projet professionnel le plus motivant qui soit dans le pays le plus séduisant que j’ai jamais connu.

Il y a aussi des jours où le matin, il manque deux ouvriers parce qu’ils ont bu toute la nuit et qu’ils ne se sont pas levés, ou parce que la veille je leur ai payé un jour d’avance et qu’ils ont décidé de ne plus jamais réapparaître sur le chantier, il y a des jours où j’en ai ras le bol de couper et riveter des planches de bois pendant quatre heures par jour, où le sixième menuisier qui m’avait promis de venir pour faire ce travail à ma place me pose un sixième lapin, où il n’y a plus que 80 Reais sur le compte de Rokaz et je dois payer mes ouvriers le lendemain, il y des jours où je me fais insulter par un chauffard en roulant à vélo simplement parce que je roule à vélo, il y a des jours où il pleut et Rokaz prend l’eau, où je reçois de la mairie des nouveaux impôts à payer dont même mon comptable ne connaissait pas l’existence, il y a des jours où j’ouvre le journal et je ne lis que des histoires de politiques corrompus et de règlements de compte meurtriers entre gangs dans les favelas, il y a des jours où je me sens terriblement las de ce pays où la plupart des conversations des mecs tournent autour du football et des nanas bien roulées qui défilent face à eux dans la rue en se prenant toujours pour des starlettes parce qu’elles n’ont pas grand chose d’autre à leur offrir, un pays dont je me sens parfois terriblement las mais où je suis tellement endetté qu’il faudra bien que nos amours orageuses durent encore quelques temps.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

N'est ce pas comme en escalade? Plus c'est dur, plus c'est bon !

Et puis je suis certain que tu t'ennuierais si c'etait trop facile. Là tu l'auras mérité ton sommet !

Bon courage