lundi 3 décembre 2007

Week-end barbecue et course à pied

Samedi 14h00, nous avons bien travaillé le matin, la bière est au frais depuis longtemps, la farofa (farine de manioc) est prête pour y tremper la viande grillée, Juscelino mon soudeur préféré a monté le barbecue avec quelques briques et des restes de contreplaqués qui flambent déjà, tous les ventres crient, la pression monte, le boucher à qui j’ai commandé la viande a une heure et demie de retard... Mais Juscelino ne perd pas son immense sourire, il nous fait une petite démonstration de capoeira, découpe les ananas avec sa machette, puis sort ses percus et on improvise une petite roda de samba.







Les voisins sont à la fenêtre derrière leurs rideaux à moitié transparents, ce n’est pas encore cette après-midi qu’ils auront la paix.
Le boucher arrive avec deux heures de retard, il y en a qui l’embrassent, les autres font mine de l’étriper. Nous sommes 13 ou 14 je ne sais plus, et nous allons rapidement régler leur compte aux 5 kilos de picanha (l’un des meilleurs morceaux du bœuf avec une tranche de graisse sur le côté), 3 kilos de saucisses, 2 kilos d’ailes de poulet et 2 kilos de porc. A 3 ou 4 Euros le kilo, autant se faire plaisir.
Il fallait bien ça pour qu’ils me supportent encore quelques semaines les ouvriers du chantier. J’ai beau essayé d’être sympa avec eux, je ne les laisse jamais rester plus de trois minutes sans rien faire et je m’imagine assez bien le genre de noms d’oiseaux qui doivent voler dans mon dos quelques fois…
En fin d’après-midi Nem danse et gueule l’estomac rempli de bière et bourré de viande puis va s’écrouler dans un coin, Sergio me demande 10 Reais pour pouvoir prendre le bus et rentrer chez lui dans une favela à 2h30 d’ici, Julio me demande 20 reais pour pouvoir offrir un cadeau à son fils qui a 5 ans demain paraît-il, Juscelino nous annonce qu’il ne sait pas encore chez laquelle de ses deux femmes il va aller ce soir, Irmãozinho mon vigile entame son classique couplet contre tous ces étudiants fils de bourgeois qui vont passer la nuit à boire dans la rue et l’empêcher de dormir, Vadim cherche du monde pour répandre la bonne parole oui il m’a appris que Jésus Christ est de retour sur Terre il vient de Porto Rico est millionnaire et a un gros bide c’est vrai mais il est Jésus Christ c’est sûr puisqu’il a compris en relisant la bible qu’en fait nous ne sommes pas des pêcheurs nous sommes tous parfaits car enfants d’un Dieu parfait, Wesley le benjamin de l’équipe file à la française comme ils disent ici car son père va lui tirer les oreilles sinon, puis Yan arrive enfin avec des yeux creusés il n’a pas dormi de la nuit ni de la matinée il arrive directement d’une immense rave à laquelle je serais bien allée si je n’avais pas prévu d’aller courir la Volta da Pampulha le lendemain.







La Volta da Pampulha c’est la course à pied la plus connue de Belo Horizonte, 18 kilomètres autour d’un grand lac dans les quartiers chics, 10.000 participants sous le soleil de plomb de décembre. A 10 heures du matin, l’heure du départ, il faisait déjà 30 degrés à l’ombre, mais sur la route goudronnée du parcours il n’y en avait pas d’ombre. Avec un ami je suis arrivé vers 8h30 pour être bien placé dans le peloton de départ. Il y avait déjà au moins 500 personnes devant nous. Les gens sont arrivés ensuite en masse derrière, compactant la foule vers l’avant. La course c’était du gâteau en comparaison avec l’heure et demie d’attente en plein soleil, au milieu de cette foule de coureurs tellement dense qu’on ne pouvait même pas s’étirer les jambes. Une demi-heure avant le top départ, alors que je finissais de rôtir à grand feu en me maudissant de ne pas avoir pris une bouteille d’eau, le mec à côté de moi a commencé à pisser dans son froc en sifflotant. Puis c’est un autre qui s’y met, et encore un autre un peu plus loin, quelques minutes plus tard on pataugeait tous dans l’urine. Courir à côté c’était facile !

Après le top départ il faut bien une minute avant que le peloton s’ébroue, puis encore quelques autres pour commencer vraiment à courir. Au bout de quelques kilomètres je suis sauvé par un premier point d’eau où je saisis trois verres au vol, je prends un rythme de croisière de 15-16 km/h que je ne quitterais plus sauf pour le sprint final, je m’asperge d’eau à tous les points d’eau pour braver le soleil brésilien et je boucle les 18 kms en 1h09min59s. Je termine 264ème, pas mal sur 10000 participants.



Le soir ces dernières semaines j’ai connu une bande de joyeux Italiens qui passent plus de temps à boire de la bière qu’à étudier et même qu’Irmãozinho les enverrait bien à l’usine ces jeunes branleurs, une Brésilienne montée sur piles alcalines qui m’a fait découvrir à Belo des soirées hip-hop et funk qui déchirent tout, un Tchéco-Hollandais amoureux de Paname, de la Colombie et de la bière glacée brésilienne qui est professeur aux Ponts et Chaussées et qui vient de se décider à investir dans Rokaz bientôt vous verrez on sera côté en bourse, une prof de forro à la peau noire ambrée comme une nuit de carnaval, un bar où tous les mardis soirs à partir de neuf heures la bière est gratuite jusqu’à ce qu’il y ait une personne dans le bar qui craque et aille aux toilettes, un bar à samba un peu loin du centre mais mieux que tout ce que j’ai pu voir à Rio, un entrepreneur français qui roule en Hummer et qui m’a emmené l’autre soir en Porsche dans la boîte la plus prout de Belo où il connaissait tout le monde et où je me suis fait tout petit dans un coin rassurez-vous sauf quand il se sont enfin décidés à passer un peu de bonne musique, une rando à vélo tous les mercredis soirs un peu dans le style de la rando roller du vendredi soir à Paris et qui s’appelle « le Vélo » avec que des Brésiliens qui ont compris que la voiture n’était pas l’avenir de l’Homme.