mardi 18 décembre 2007

Rose bonbon ou noir ébène ?

Vendredi soir, au moment de la paie hebdomadaire, je me suis séparé de quatre des ouvriers qui travaillaient sur le chantier. J’ai trouvé un truc pour que ça se passe bien : je les complimente, en insistant sur leurs qualités réelles, puis je leur dis qu’il n’y a plus de travail pour eux sur mon chantier, et le message passe comme une lettre à la poste d’autant plus qu’il est en grande partie sincère.
Cette semaine, il n’y a plus que 8 ouvriers sur le chantier, les meilleurs. Ce midi j’ai fait un gâteau au chocolat pour les 21 ans de Michael, on l’a dévoré rapidement, et dans ses yeux il y avait la reconnaissance de ceux qui ne reçoivent pas souvent de cadeaux.
Il m’aura fallu du temps pour avoir entre les ouvriers et moi le climat de confiance et d’estime réciproque que j’aurai aimé avoir depuis le début ! Ce climat où il n’y a jamais besoin de hausser le ton de la voix pour se faire comprendre.

Vendredi soir toujours mais un peu plus tard, je suis allé à une soirée dans une favela, chez des étudiants du Mozambique et d’Angola qui ont trouvé un bon plan pour se loger pas cher et dans un endroit plus tranquille qu’il n’y paraît. Pour y arriver il faut se balader dans des petites ruelles obscures après avoir indiqué aux jeunes postés à l’entrée de la favela le nom du mec qui organise la fête. Une fois remonté un petit escalier en colimaçon dans une maison en brique, c’est tout à coup la fête sur une grande terrasse qui domine tous les toits un peu précaires des environs. Au menu de la soirée, caldo de feijão, Skol bem gelada, funk carioca e morenas quentes como a brasa, le must de la culture brésilienne...

Le lendemain samedi nous avons travaillé toute la journée sur le chantier, comme tous les samedis depuis 5 mois. J’avais pas la grosse patate forcément. Nous sommes en train de polir le bois du mur d’escalade. Il faut le polir entièrement avant de commencer à le peindre car la sciure de bois qui vole en permanence partout sur le chantier en ce moment pourrait s’agglomérer à la peinture fraîche.





Samedi soir je suis allé à un concert de Nação Zumbi, probablement le meilleur groupe de rock brésilien. Un grand moment : un guitariste et un bassiste à la hauteur de meilleurs groupes de rock anglais, des percus brésiliennes pour la couleur locale, des textes engagés, le tout avec une grosse dose d’énergie et le résultat était explosif jusqu’à 4 heures du matin.

Dimanche j’ai pris le mur de l’arche en photo et bricolé avec Adobe Illustrator pour choisir les couleurs de la peinture. Ce mur fait 16 mètres de haut, 5 mètres de large en bas, 15 en haut, et est essentiellement surplombant. Il y a trois autres murs que je n’ai pas encore photographiés.
Le bois brut est beau, nous n’aurions pas peint le mur si nous n’avions pas laissé entre les plaques de bois des fissures de 1 ou 2 cm de large, bouchées avec un mélange de colle blanche et de sciure de bois. Voici le résultat sans peinture.



Pour le choix des couleurs, les mots d’ordre sont simplicité et couleurs claires. Les différences de couleurs sont essentiellement là pour mettre en évidence les reliefs du mur : le petit toit en bas à gauche, la petite arête saillante en haut à droite que l'on voit très mal sur la photo, et enfin la grande arête surplombante qui part d’en bas et vient se perdre dans le grand toit tout en haut.
Voici plusieurs options avec les couleurs proposées par le vendeur d’une peinture de bonne qualité et la moins chère que j’ai trouvée. Il n'y a pas un choix énorme de couleurs...


Option 1 : une bande orange au milieu pour mettre en évidence la ligne la plus belle à grimper le long d'une arête surplombante, du orange mandarine sur le toit en bas à gauche et sur les deux faces de l'arête à droite :




Option 2 : une variante de 1 avec le contour de toutes les plaques peintes pour mettre en évidence tous les reliefs de notre mur en légo géant :

Option 3 : une variante de 1 avec des variations de couleur sur la bande centrale :







Option 4 : une variante de 1 avec l'arête de droite en vert




Option 5 : encore une variante de 1 avec des variations de couleur autour de la bande centrale pour mieux faire apparaître les reliefs




Option 6 : une bande orange pour mettre en évidence une grande bande centrale du mur qui vous remarquerez sur la photo ci-dessus n'a pas tout-à-fait la même orientation que le reste :


Option 7 : des lignes épurées, des couleurs pastels discrètes, une simplicité de réalisation séduisante, sans aucun doute ma préférée :



Vous en pensez quoi ? (Ndlr : commentaires sérieux tolérés)