samedi 11 décembre 2010

Promenons nous dans les Andes

Lui était cuisto, elle serveuse dans un restau du Nord de la France, ils avaient très peu voyagé, et puis un jour il lui demande, avec un petit air de défi : " Ça te dit d'aller traverser les Andes à pied l'année prochaine?"
Du tac au tac elle lui répond : "Carrément!"

Ils vivent un an dans une caravane pour ne pas payer de loyer, mettent de côté euro par euro jusqu'à avoir de quoi se payer le billet d'avion et quelques mois de nourriture, et ils embarquent pour Buenos Aires avec leur grand compagnon, Dune, un Labrador de 40 kilos qu'ils n'abandonneraient pour rien au monde.
De Buenos Aires ils veulent aller à Ushuaia en stop. Elle se tient le pouce levé au bord de la route, lui se cache un peu derrière avec leur gros chien, et ça marche, ils se retrouvent rapidement à l'extrême sud de l'Amérique d'où ils commencent la longue marche.

C'est grand les Andes quand on fait 25 km par jour... Au bout de quelques mois Claire commence à avoir des problèmes au pied, Dune non plus ne peut plus marcher. Qu'à cela ne tienne, Georges déniche une petite carriole, installe Dune dedans avec les 30 litres d'eau qu'ils trimballent presque toujours dans ces montagnes désertiques. Il tire la carriole, porte un sac de 20 kilos pour alléger celui de Claire, et ils avancent, sans relâche, quasiment tous les jours depuis 9 mois en parlant toute la journée de leurs futurs projets : la traversée de l'Himalaya, puis des Alpes, toujours à pied. La plupart du temps ils campent, en ville ils dorment chez les pompiers, dans les écoles, au poste de police, en 9 mois il n'ont dormi que quelques nuits à l'hôtel !!

Quand nous les avons croisé, nous avions laissé derrière nous un petit bled en bordure du salar d'Atacama au Chili, nous remontions vers l'Altiplano. Ils avaient encore deux jours de marche pour rejoindre le bled que nous avions quitté quelques heures auparavant. Et un an et demie jusqu'à la Colombie, le trajet que Coco a fait en 7 mois ! Nous les avons vus venir vers nous avec le même regard un peu admiratif que les touristes en bus nous observaient souvent coco et moi...

Nous avons parlé deux heures, des bons trajets à suivre, des bons plans pour dormir, George était intarissable sur son prochain projet de traversée de l'Himalaya, il voulait des renseignements, et puis il a eu cette phrase :
"Il y en a à cette heure-ci qui s'entassent dans le métro pour aller faire un travail qu'ils n'aiment pas, nous on passe notre journée à vivre notre rêve et à imaginer les suivants !"



samedi 4 décembre 2010

Epreuve de français au Bac

Vous êtes à vélo sur le plus grand salar du monde, il est midi, le soleil tape très fort. Au milieu du salar vous découvrez un gros 4x4 qui vaut $40.000 dans un pays où le salaire moyen est de $5 par famille et par jour. Les plaques d'immatriculation ont été arrachées. Les portières arrières sont ouvertes et vous découvrez à l'intérieur du véhicule un bébé et un enfant d'une dizaine d'années allongés sur la banquette arrière qui ronflent doucement. Il n'y a pas d'autres personnes à des kilomètres à la ronde.

Racontez la suite de l'histoire en 10.000 mots, + ou - 100%.


mercredi 3 novembre 2010

La traversée du Sud Lipez a vélo

Bien sur il y eut des moments difficiles, quand le vent soufflait de face pendant des heures ces apres-midi d'enfer, pendant les 80 km de sable du désert de Siloli ou on avancait a 7km/h en poussant fort sur les pedales pendant des journées entieres, quand au petit matin le thermometre indiquait -12 degrés dans la tente et qu'il fallait s'extirper du duvet, quand le pneu de Coralie a explosé et qu'on s'est demandé pendant quelques heures comment nous allions pouvoir continuer notre périple...

Mais dans le Sud Lipez les paysages transportent les cyclistes. Un matin nous quittions un lac rouge sang, nous arrivions le lendemain a un autre lac vert emeraude, en passant entre temps a pres de 5000m a coté de geysers et volcans multicolores, en s'arretant la nuit au bord d'une piscine naturelle d'eau a 35 degrés, avec souvent en toile de fond des immenses blocs de rocher aux formes fantasques sculptées par le vent...
Le Sud Lipez est trop froid, trop haut, completement inhumain mais tellement incroyablement beau !

Et puis a deux on est plus fort. Il y a des jours ou l'un fatigue, a mal au ventre ou aux genous, mais l'autre est la pour le soutenir, et la douleur passe plus vite. Le lendemain les roles s'inversent, et nous avancons, encore et toujours, a travers paysages et souvenirs deja formidables. Plus important encore que la nature incroyable qui nous entourait, cette traversée était surtout une belle aventure humaine...


L'un des premiers jours, sur la route interminable de Uyuni a Alota :


Il existe un type assez particulier d'autruche !!



Coco perdue au milieu de l'immense chaos de blocs de la Valle de las Piedras pres d'Alota...



Malheureusement, cette fois, pas de trace de grimpeurs pour nous preter chaussons et crash pad...



Meditation devant un beau lac bleu...



Le volcan Ollague qui émet quelques petites fumerolles :



Sur une route bien caillouteuse, en arrivant vers la Laguna Cañapa, on entend soudainement un PANNN!! Je me baisse instinctivement en croyant qu'on nous tire dessus, mais non je comprends, je tate mes pneus, rien, c'est la chambre a air et le pneu avant de Coralie qui ont tous les deux explosé!!



On met une rustine, mais elle recreve une heure plus tard...


Heureusement le soir, un jeune Bolivien nous donne une bonne idée : Coralie coud le pneu, et le protége avec un bout de chambre a air, et finalement ca tient !

La laguna Hedionda et ses nombreux flamants :




En reparant le pneu la deuxieme fois :



Plus on avance, plus les pistes sont en sable. Les 4x4 des touristes tentent toujours de trouver un meilleur chemin que leurs predecesseurs et creusent des dizaines de cicatrices dans le desert...



Quand il y a 5 cm de sable on a l'impression de rouler avec deux pneus crevés ! Au debut je les regardais toutes les 30 secondes ! Et puis on s'y fait...
Et quand il y a plus de 10 cm de sable, c'est peine perdue, il faut pousser...






Les lagunes, c'est l'éden au milieu du desert...





Les flamants qui s'envolent, l'une des plus belles images de cette aventure...










Derniere vision de la Laguna Hedionda avant de traverser les 80km de sable du désert de Siloli :



Dans le désert, la route est longue, le rythme est lent, les reperes s'estompent, mais le moral tient bon : on était préparé.





Le soir, une demi-heure avant le coucher du soleil, on plante la tente au milieu de nulle part.



Le matin, on met le réveil vers 5h30 pour ne jamais manquer le lever du soleil, et on prepare le petit déjeuner, pas facile quand meme l'eau qui était dans la tente a gelé !

Ensuite les rayons du soleil nous réchauffent timidement, et il est temps de tout plier rapidement et de remonter en selle pour une nouvelle journée de lutte dans le sable et les pierres...





Au milieu du désert, il y a un bloc assez incroyable appelé l'arbre de pierre. Petite escalade ludique et originale...







Apres 20 km de descente dans le sable a 8mk/h de moyenne, nous arrivons enfin a la plus belle, la fameuse laguna colorada. Des hordes de barbares y ont exterminé des milliers de flamants, le sang a coulé, coulé...





Fin de journée pour deux vélos fourbus.



Home sweet home !



Petit plongeon pour se réchauffer dans le geyser Sol de Mañana, a 4950m d'altitude :





Au bord du salar et de lac de Chalviri...





...ou nous avons campé a coté d'une délicieuse piscine d'eau chaude...






Coucher...



..et lever du soleil.



Le plus dur et insolite fut le sprint presque nus par - 15 degrés a 5h du matin entre la tente et la piscine ! Et ouf, l'eau chaude, quel délice... Nous voici confortablement installés pour attendre le soleil.



Quelques kilometres plus loins, nous traversons le désert de Dali fleuri de blocs aux formes surréalistes apres une pluie de météorites...



Ciel de vent...



Et derniere magnifique aberration naturelle de notre voyage a travers cette partie lunaire de la Terre, la laguna Verde, remplie d'arsenic... Elle est a l'image du reste, magnifique et hostile.





Petite pause médito-contemplative devant la Laguna Blanca, la jumelle de la Verde.




Le lendemain, nous redescenderons vers le monde des hommes...
Merci chers duvets de nous avoir apporté un peu de chaleur et de réconfort !



Tchau, querida Bolivia !


Apres plusieurs semaines de pistes, nous retrouvons l'asphalte et descendons de 4600m a 2400m d'altitude en une demi-heure !

Voici l'état du pneu de Coralie a la fin de la traversée :


Finalement la réparation de Coralie aura tenu le coup, la chambre a air - pansement ne s'est percé que le dernier jour !


Et nous voici depuis 3 jours a San Pedro, petite oasis a touristes bien agréable au mileu du tres aride désert d'atacama.
Nous faisons des grandes siestes, dormons tres tard le matin, mangeons 15 fruits et légumes par jour, et le soir nous refaisons le monde avec un tres sympathique collegue cycliste québécois qui va suivre plus ou moins la meme route que nous en gravissant quelques volcans au passage...

Et des que nous aurons envie de repartir (dans combien de jours ? hum encore quelques-uns...), nous repartirons vers l'Argentine ou d'autres belles rencontres nous attendent surement.