dimanche 25 novembre 2007

Lentement mais sûrement ?

Les amis qui viennent voir le mur une fois par semaine ou une fois par mois me disent que le mur d’escalade avance bien, qu’à chaque fois il est un peu plus beau. Mais les progrès quotidiens sont tellement minimes qu’en passant 6 jours sur 7 sur mon chantier, j’ai la même impatience que quand j'étais gamin et que je voulais grandir vite.
Nous devions ouvrir la salle en décembre, nous n’ouvrirons pas avant janvier, et encore, seulement si la mairie nous délivre l’autorisation dans les temps.
Le mois de janvier est à la fois un bon et un mauvais mois pour ouvrir. Bon parce que c’est la saison des pluies et la plupart des grimpeurs grimpent en salle car les falaises sont humides. Mauvais car ce sont les grandes vacances d’été et une bonne partie des habitants de Belo partent à la plage et ne reprennent le travail sérieusement qu’après le carnaval en février.
C’est pourquoi nous avons prévu d’organiser à Rokaz une grande soirée, d’inauguration ou pas suivant si nous aurons réussi ou pas à ouvrir la salle avant, le 16 février, le week-end d’après la fin du carnaval. Nous essaierons de fermer la rue de Rokaz à la circulation, nous inviterons deux ou trois groupes de musique, des journalistes, des personnalités de Belo, distribuerons quelques milliers d’invitations dans des endroits bien choisis, l’objectif étant de créer un événement marquant qui fera connaître Rokaz à un large public parmi la population cible et installera une fois pour toute notre salle dans le paysage des complexes sportifs de la ville.

En ce moment j’ai deux menuisiers qui découpent et fixent les plaques de bois. A un rythme de 4 plaques de bois par jour chacun, ils auront fini de couvrir la structure métallique d’ici à deux semaines. S’ils tiennent le coup jusque là, car en moyenne les 6 menuisiers qui ont travaillé sur le chantier ne sont restés qu’une semaine… A chaque fois il fallait trouver des remplaçants et en attendant c’est moi qui faisais le boulot.
Yan est toujours en train de faire les prises d’escalade chez lui. Il a pris du retard pour trouver la bonne formule et le mode opératoire adéquat afin d’obtenir une bonne prise de la fibre de verre, des colorants et de la résine avec le catalyseur. Du coup en ce moment il travaille douze heures par jour sept jours par semaine d’après ce qu’il me dit. Il habite dans une espèce de cabane dans la forêt, à 20 kilomètres d’ici. Je vous raconterai ça un de ces jours.
Au mois de décembre, nous polirons les aspérités du mur, nous le peindrons et nous monterons les voies d’escalade avec les prises faites par Yan, tout en s’occupant des travaux de finition des vestiaires, du magasin de matériel d’escalade, du bar, de la mezzanine. Et dire que je n’avais quasiment jamais bricolé de ma vie…
En ce moment il y a 12 ouvriers qui travaillent sur mon chantier, dont trois spécialisés, deux menuisiers et un soudeur. Ils ont l’habitude d’être traités comme des pions qu’on déplace en criant, alors avec moi ils sont parfois un peu déboussolés. Il y en a un qui m’a dit qu’il n’avait jamais eu un patron aussi « gentil », un autre qui m’a révélé que j’étais une personne très spéciale et m’a offert un DVD qui est sensé ouvrir mon cœur à la foi du seigneur version évangélique pentecôtiste…
Mais attention, la frontière est ténue entre un patron gentil et un patron faible. Plusieurs personnes qui ont déjà géré des chantiers ici m’ont mis en garde : ce sont souvent les patrons qu’on ne craint pas qui se font traîner en justice parce qu’ils ne payaient pas les heures supplémentaires, parce qu’ils ne payaient pas de treizième mois, ou tout simplement parce qu’ils payaient leurs employés au black comme moi… Et d’après ces mêmes personnes, la justice ici donne systématiquement raison aux employés contre leurs patrons, et forcent ces deuxièmes à verser des indemnités élevées aux premiers.
Pour l’instant je continue à investir dans le facteur humain sans trop faire d’effort car c’est un peu dans ma nature. Samedi prochain sur le chantier, je vais organiser un barbecue pour tout le monde l’après-midi.


Le mur au dessus de la mezzanine:


La partie "bloc" où il y a aura des gros tapis :



Le grand dévers, 16 mètres de haut, 10 mètres d'avancée, de quoi organiser le championnat brésilien d'escalade dès l'année prochaine :

Le totem. 16 mètres de haut aussi, avec que des voies faciles :